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COGITO #3 : ET MAINTENANT QUOI ? (Être un grille-pain ?)

Dernière mise à jour : 12 mai

"Et maintenant quoi ? ( Être un grille pain ?) " Auteur : Paul k.
Paul k écrit les textes des Soirées Cogito et Olivier Bonjour en fait une magnifique lecture
Paul k écrit les textes des Soirées Cogito et Olivier Bonjour en fait une magnifique lecture

Et maintenant ?

Et maintenant, on fait quoi ?

Avec ce qu’on semble être, chacun, chacune.


Parce qu’il ne faut pas se leurrer, j’aimerais vous parler directement de la grande question, de l’ultime, du vertige absolu du « Qui suis-je ? ».

Mais soyons honnêtes : cette interrogation glisse trop souvent sur nous comme de l’eau sur une vitre. Elle effleure, parfois elle touche, mais elle ne pénètre pas, bien que pourtant elle nous possède déjà tout entière (car il n’y a que cette question). Quelques éclats de lumière, des frissons de lucidité, puis l’ombre revient, implacable, et nous laisse avec cette sensation sourde, ce murmure lancinant :


« Ok… et maintenant ? »


Voilà le paradoxe.

L'insatisfaction qui ronge l’humanité, ce besoin irrépressible de se projeter ailleurs, plus loin, plus haut, dans un futur qui justifierait enfin le présent.

Mais ce futur ne vient jamais.

Pas vraiment.

Et ce « Qui suis-je ? » tant recherché semble insaisissable, tout en étant la seule véritable réponse à cette insatisfaction…


Alors, on va prendre un autre chemin.

On va commencer par ce qui ne se discute pas.

Vous êtes là, n’est-ce pas ?

Là, maintenant, en train d’écouter ces mots (ou de lire ces lignes). Alors, la vraie question pourrait être celle-ci :


« Et maintenant ? Je fais quoi, avec là où j’en suis ? »


Comment appréhender la suite pour que cette existence prenne tout son sens, tout son éclat le plus ébouriffant ?

Parce que c’est là que se trouve le cœur brûlant de ce malaise diffus, cette sensation que quelque chose cloche, que rien ne suffit jamais tout à fait.

Un malaise pas assez profond pour être insupportable, juste assez pour nous hanter en bruit de fond. Un bourdonnement familier. Une sorte de vertige sous contrôle, qui nous accompagne jour après jour.


Plantons le décor.

Tu l’as fait. N’importe quoi, mais tu l’as fait. Peut-être que tu as gravi une montagne personnelle, décroché un prix, conquis un amour, surmonté une épreuve.

Et après ?

Je pense à ces connaissances à moi, ces Belges de Saint-Gilles, qui viennent de faire un triplé historique : Golden Globes, César, Oscar. Le summum, non ? L’aboutissement d’un rêve. Une consécration. Je vois bien le monde qui les entoure leur dire :

« Vous avez tout. »


Mais eux, au centre de leur propre existence, ils se demandent :

« Et maintenant ? »


Comment rivaliser avec cette euphorie ?

Si même euphorie il y a eu.

Certainement un court instant, et puis on la goûte, on l’apprivoise et cette euphorie devient un autre moment.

Mais si l’euphorie ne devient plus qu’un moment balisé, comment réussir à poursuivre ?

Surtout quand tout nous disait « Ceci est le Graal. Après tu pourras mourir en paix. »

Que reste-t-il après ce foutu Graal qu’on a chopé ?

Et qui en fait n’est qu’un bol en bois d’Acajou qui ne nous a absolument pas donné la faculté de mourir en paix ?


Le cycle sans fin.


Ça pourrait être toi.

Tu es arrivé là où tu voulais être.

Tu as décroché ce que tu poursuivais :

La LUNE.

Ou peut-être as-tu perdu ce qui comptait le plus.

Un amour.

Un être cher.

Un rêve.

Une certitude.

Et te voilà face au vide.

Face à toi-même.

Vous avez remarqué, si l’on parlait en termes d‘équation mathématiques, le vide sera égal à ce soi-même et c’est loin d’être anodin.


Reprenons,

Ce moment peut être tout et rien à la fois :

Une victoire éclatante.

Un rêve devenu réalité.

Une perte qui laisse un gouffre béant.

Une prise de conscience soudaine, brutale.


Mais il y a toujours cette même question, implacable :


« Je suis là. Et maintenant ? »


L’illusion du sommet.


On croit qu’une fois arrivé, on pourra enfin se reposer.

Que le manque s’arrêtera.

Que la paix s’installera.

Mais non.


L’amour conquis devient une routine.

L’objet de ton désir devient un simple décor.

La victoire, si brûlante au début, refroidit inexorablement.


Alors, il faut autre chose.

Un nouvel objectif.

Un nouveau sommet à gravir.

Parce qu’il faut bien un but, non ?


Sinon, que reste-t-il ?

L’absurde.

Le silence.

Le vertige.


Alors on repart en quête.

Encore et encore.

Toujours en mouvement, toujours en conquête.

Parce qu’il faut bien remplir l’espace, sinon il menace de nous engloutir.


Le secret que personne ne veut entendre le voici… peut-être. 

Certains, certaines à force de conquérir, finissent par comprendre. Pas intellectuellement. Viscéralement.

Rien ne les a jamais comblés.

Ni l’amour,

Ni la reconnaissance,

Ni la réussite.

Ni le sexe.

Ni l’alcool.

Ni la bouffe

Ni

Ni

Ni

Rien.


Ils et elles perçoivent alors ce qui leur a toujours échappé.

Les vagues montent et redescendent.

Mais toi, tu es l’océan.

Ils et elles comprennent, intrinsèquement, qu’ils et elles ont passé leur vie à courir après une illusion, après un mirage, après un bonheur qui s’éloigne à chaque pas, comme l’horizon qu’on tente de saisir.


Et là, à force… quelque chose se fissure. Quelque chose implose, quelque chose vrille au cœur du personnage que nous semblons être.


Un basculement peut naître dans ce vide. Un saignement de nez virulent accompagné d’un ultra-son assourdissant qui nous fend littéralement les tympans.

Un retournement.


Et si la vie n’avait jamais eu besoin d’être comblée pour être vécue ?

Écrire ça sonne comme une blague véritablement ici, mais je peux percevoir que ça n’en est pas une apparemment pour la plupart. C’est pour cela que je me tors l’esprit à trouver les mots justes pour faire sonner la blague.

Pas facile, croyez-moi


Et si en fait tout ce qu’on avait mis en place jusque là pour survivre, par peur, avait parfaitement jouer son rôle. Nous permettre de survivre à l’intolérable folie de notre existence et en même temps à nous empêcher de mourir à cette existence, en nous envoyant des « pssschiiit » d’espoir et des bouées de secours à la noix pour garder la tête hors de l’eau.


Et si « maintenant » simplement, débarrassé du « et » et du « ? » qui l’entourent pour faire « Et maintenant ? », était suffisant ?

Maintenant.

Plus besoin de remplir.

Plus besoin de prouver.

Juste Maintenant, l’instant présent comme ils disent.


Plus besoin d’atteindre pour être.

Le véritable jeu sans le « JE ».

Peut-être que ce moment viendra après ta plus grande réussite.

Peut-être qu’il viendra après un échec cuisant.

Ou peut-être qu’il surgira au détour d’un matin banal, sans raison apparente.

Mais il viendra, même si c’est dans 1000 vies.

Et ce jour-là, cette question qui te hante, ce « Et maintenant ? », cessera d’être une menace.

Parce que tu comprendras qu’il n’a jamais été question de trouver quoi que ce soit.

Tu es déjà là.

Et le jeu de la vie ?

Tu pourras le continuer. Mais plus pour combler un manque.

Juste pour le plaisir de jouer.


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Pour conclure en douceur et dans le pur jeu, je vais vous proposer un jeu fou : imaginons que nous sommes des grille-pain. Jouons à être des Grille-pain.

De purs grille-pain de la marque G.P, comme Grille-Pain.

D'abord, qu'est-ce qu'un grille-pain ?

De quoi sommes-nous faits ?

Nous sommes une machine complexe, constituée de multiples composants, mais uniquement de ces composants-là :

un élément chauffant,

un ressort,

un détecteur de chaleur,

un mécanisme de réglage du temps,

un électro-aimant,

un circuit électrique,

un bouton pour ajuster le degré de cuisson,

un boîtier extérieur qui nous donne notre apparence et un support pour le pain.

Voilà.

Maintenant, jouons notre rôle de grille-pain.

Branchés, nous accueillons des tartines de pain.

On règle la durée, l’électricité chauffe, et le pain grille.

Une fois prêt, il est éjecté.

Bravo !

Nous sommes des grille-pain compétents et discrets, ce qui ne gâche rien.


Mais voilà qu’un événement extraordinaire se produit pour corser le Jeu.

Soudain, nous, grille-pain, sommes dotés d’un œil, d’une oreille, d’un nez et d’un système central qui interprète les signaux extérieurs.

Appelons cela l’intellect du grille-pain.

Continuons de jouer :

L’œil aperçoit les autres ustensiles de cuisine étincelants.

L’oreille entend les gens parler et rire.

Le nez perçoit l’odeur d’un toast grillé.

Les sens font leur travail et évidemment les pensées suivent.

Nous, grille-pain, avons notre première pensée. Et devinez laquelle ?

« JE. »

Après tout, il fallait bien quelqu’un pour voir,

pour sentir,

pour entendre.

La pensée « JE » s’identifie au grille-pain.

Autrement dit, la pensée « JE » se limite au corps du grille-pain et affirme :

« Je suis ce corps. Je suis ce grille-pain. »


Restez bien accrochés à l’histoire, le jeu se transforme…


Le grille-pain voit désormais le monde en relation avec lui-même.

L’œil ne perçoit plus seulement des ustensiles de cuisine étincelants, c’est le « JE » qui les voit. L’oreille n’entend plus simplement les conversations et les rires, c’est le « JE » qui les entend. Le nez ne sent plus le pain grillé, c’est le « JE » qui le sent.


De nouvelles pensées émergent.

Nous, grille-pain, mettons des mots sur nos sensations :

Son, odeur, étincelant, brillant, brun, grillé, brûlé…


Et peu à peu, nous nous forgeons une image de ce que nous sommes censés être.


JE SUIS :

Immobile et froid. Blanc.

Parfois, quelque chose est placé en moi et mon levier est abaissé.

Alors, je deviens chaud et cette chose saute hors de moi.

Puis, je redeviens immobile.

Mais une pensée inconfortable surgit :

« Pourquoi dois-je devenir chaud ? Cela me dérange. »

« C’est décidé, à partir de maintenant, je ne chaufferai plus. »


Pourtant, lorsqu’un matin on nous branche, que quelque chose est mis en nous et que notre levier est abaissé… nous chauffons.

Nous avons beau résister de toutes nos forces, nous chauffons… et les tartines sautent, parfaitement grillées.

Alors nous, grille-pain, sommes déçus.

On nous force à chauffer alors que nous ne voulons pas.

C’est insupportable.

Et que sont ces sensations qui émergent, désagréables en nous ?

Les ressentiments.

Alors que faire ?

Nous, grille-pain, sommes furieux.

Pourquoi ne pas partir ?

Après tout, ils sont bien contents de nous trouver chaque matin pour le petit déjeuner !

Nous essayons de bouger, de trembler, de ramper, de nous redresser… Mais rien.

Pas un seul millimètre.

Nous ne pouvons pas partir.

Le « JE » du grille-pain est frustré.

Nous ne pouvons pas crier. HAAAAAAAAAAAAA !

Non.

Nous sommes un grille-pain.


Alors nous nous disons :

« Je suis trop gentil pour ne pas griller du pain pour ces idiots. Je suis un trop bon grille-pain pour partir. »


Et penser cela nous fait du bien.


Nous, grille-pain, devenons tristes.

Puis heureux.

Puis pleins d’espoir.

Et ainsi de suite…


Et maintenant nous, grille-pain, hein? On fait quoi ?

Parce qu’on est pas des grille-pain, OK ! Mais quasi non ?… avec 3, 4 options en plus ,mais c’est kif comme dirait Olive, le « JE » qui lit. ( sourire)

 
 
 

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